Le futur, pour beaucoup d’entre nous, est profondément excitant. La cybernétique, science des interconnexions entre les humains et les machines, commence à peine à nous révéler la pleine étendue de son impact dans nos vies de tous les jours. Lorsqu’on pense à la maison intelligente, qu’on imagine celle de Samsung en Corée ou celle des Jetsons dans le dessin animé qui a marqué l’imaginaire collectif dans les années 60, on visualise une maison qui s’adapte à nos besoins en temps réel et nous sert de tremplin vers le monde extérieur et vers des univers virtuels.
Construire ce portail vers le futur et ce pont entre nos identités physiques et nos avatars informatiques est ce à quoi se sont affairés un groupe de programmeurs et de designers de tous les âges dans le cadre de la deuxième édition du marathon de programmation (hackathon) Hack the House, à la Maison Notman le week-end dernier. Ils ont tenté de rendre celle-ci plus intelligente en y déployant des capteurs, en alimentant des écrans en fonction de l’activité humaine sur chaque étage et en harnachant le pouvoir infini du web sémantique pour stimuler les interconnexions entre les visiteurs et les occupants de la maison (une faune bigarrée d’entrepreneurs, d’investisseurs, de programmeur et de designers qui coexistent sous un même toit sans toutefois se connecter de manière optimale).
Le projet est mené par Noah Redler, fondateur d’Arche Innovation et ancien directeur de campus de la maison Notman, allié de Jeffrey Dungen de ReelyActive et de Marek Zaluski, un développeur indépendant.
Des présentations de Distech Controls, EVEY Maison Domotique et Microsoft ont parsemé l’évènement, dont environ la moitié du temps est consacré au travail d’équipe. Les participants choisissent un aspect qui leur semble nécessiter un amélioration technologique et y travaillent jusqu’au dimanche. En fin d’après-midi, chacun présente leur work in progress et les quelques mois qui séparent l’évènement du prochain hackathon permettront ainsi de boucler la boucle et d’aller de l’avant.
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Par exemple, la plateforme numérique du café OSMO, intégré à la maison Notman, qui ne servait qu’à y présenter commanditaires et publicités, est devenue plus informative et permet maintenant de prendre connaissance de ce qui s’y passe au quotidien, de la température extérieure et prochainement, des horaires des transports en commun qui y gravitent. Marek Zaluski a entre autres utilisé des web sockets pour que les sites web envoient de l’information en temps réel, afin d’acheminer une communication rapide et surtout, pertinente, sous la forme d’information ambiante.
De plus, le café et quelques autres locaux de la maison ont installé des écrans projetant des informations sur les personnes présentes sur le site, elles-mêmes détectées par la technologie Bluetooth, de façon à « reconnecter notre personnage numérique avec notre présence physique », tel que le formule Jeffrey Dungen. Son projet vise à reconnecter l’identité virtuelle et réelle des gens, de façon à redonner une forme d’humanité à la Toile. L’idée lui est venue suite à la réalisation que ces identités allaient dans deux directions opposées et qu’il y a une tendance actuelle à vouloir retrouver le côté humain des échanges.
Concrètement, on verrait sur les écrans de la maison l’identité des gens présents, leur photo ainsi que leurs dernières manifestations à travers les réseaux sociaux, et ce, afin d’avoir une idée d’à qui on a affaire et de faciliter les échanges. Cela se produit de façon non agressive, sur une base volontaire et dans l’esprit de la calm technology, technologie ambiante qui nous permet d’absorber discrètement l’information sans que ce soit stressant ou alarmant.
« Le but c’est que toi, tu viennes à la maison Notman, et puis la température est bonne, parce qu’on sait où sont les gens et on dirige l’énergie de façon optimale », donne-t-il en exemple.
Globalement, le weekend a été productif et les avancées sont notables. Cependant, un des défis auxquels fait face Hack the House, c’est que les compagnies qui y participent ne sont pas toutes dans le même esprit de partage qui règne à la maison Notman. Elles peuvent ne pas avoir les ressources ou l’intérêt d’investir dans la documentation afin de récupérer les données si leur plateforme n’a pas été conçue pour leur partage ou encore à avoir une personne présente au hackathon pour aider les participants à accéder et utiliser ces données.
« Pour vraiment pouvoir aller loin et faire des intégrations, il faut que les données soient ouvertes et accessibles. Un des défis que l’on a eu, c’est que les données ne le sont pas, explique Jeffrey Dungen. Ça prend une coordination massive, dans le sens où tous les partenaires doivent être présents et c’est ça le défi. Mais on a bien avancé, et c’est bien de voir que certaines plateformes commencent à parler ensemble. »
« We are moving forward, because that is what this project is all about, step by step » conclue Noah Redler.
La prochaine édition est espérée pour le mois d’octobre prochain.