De plus en plus, les consommateurs s’engagent. Ils veulent acheter local, d’une entreprise éthique qui a des préoccupations sociales ou environnementales, qui est transparente et contribue à améliorer la société. Ce mouvement se ressent aussi au niveau du système bancaire alors que l’économie d’impact est en pleine expansion au Canada et ailleurs et que plusieurs modèles de banques non traditionnelles naissent aux quatre coins de la planète. Un bon exemple est Triodos, une banque des Pays-Bas qui n’a pas perdu un centime lors de la crise économique de 2008, dû à ses investissements dans une économie réelle – qui a un impact direct sur la communauté – plutôt que financière.
C’est à partir de ce concept innovateur que Paul Allard, allié de 10 autres entrepreneurs, financiers et banquiers de Montréal, Toronto et Paris ont eu l’idée de lancer la première banque canadienne responsable: Impak Finance.
« On a besoin de redonner au système financier plus de sens et de responsabilité, explique Allard. « À mon avis, un des problèmes fondamentaux structurels […] c’est que le rôle des banques n’est plus responsable ni sociale ».
La campagne de sociofinancement pour amasser les fonds nécessaires à la création d’Impak Finance, hébergée par la plateforme canadienne accréditée FrontFundr, a très bien démarré, le 13 octobre dernier. L’engouement était tel qu’ils ont rapidement dépassé leur objectif et sont maintenant à plus d’un million de dollars amassé depuis une dizaine de jours, sans compter les investissements privés. Contrairement à d’autres campagnes du genre, les donateurs deviennent automatiquement actionnaires d’Impak Finance pour un montant aussi bas que $100.
Impak Finance se dévoue donc à 100% à l’économie réelle, c’est-à-dire qu’elle investira autant dans des petites que des moyennes et grosses entreprises dont le dénominateur commun est le suivant : elles ont un impact social et environnemental positif. Elle proposera sur son application un large éventail d’entreprises regroupées en différents secteurs et, selon les priorités de l’épargnant, celui-ci décidera dans quelles sphères il voudra investir son capital.
« Grâce à la technologie, tu choisis les secteurs dans lesquels tu veux que ton argent soit investi et, en retour, on te donne une entière transparence », poursuit M. Allard. Impak Finance effectuera ensuite un suivi sur les investissements du client en lui donnant accès à un indicateur de performance et lui suggérera des entreprises qui pourraient l’intéresser pour de futurs investissements. Un algorithme est aussi en création afin de permettre d’évaluer le risque des projets.
En ce moment, les banques traditionnelles utilisent l’argent de leurs clients afin de créer un plus gros capital qu’elles investissent ensuite dans une myriade d’entreprises. Il est pratiquement impossible pour le client de savoir précisément où son argent a été investi et, plus encore, il n’a pas de voix dans la décision. Impak Finance vise au contraire à remettre l’humain et la planète au centre des préoccupations selon une approche de triple performance : Personne (social), Planète (environnemental) et Profits (économique), tout en maintenant le haut standard de sécurité et de stabilité qui caractérise les banques canadiennes.
Ce nouveau modèle de banque se trouve d’ailleurs au carrefour de trois mouvements importants : l’économie collaborative, la FinTech et l’économie à impact, pour « déployer et réinventer l’expérience bancaire », ajoute M. Allard. « On veut offrir une expérience bancaire complètement renouvelée selon l’air du temps ».
La première version d’Impak Finance verra le jour l’année prochaine alors que les épargnants ouvriront un compte d’investissements. L’objectif est d’offrir les fonctionnalités bancaires dès le 3e trimestre 2017, notamment en octroyant des prêts.