Pour marquer la Journée internationale des droits des femmes, Desjardins Lab, MTL NewTech et le Coopérathon ont organisé un évènement intitulé L’innovation au féminin : moteur du Québec Inc. de demain, un panel de discussion avec des fondateurs de startups afin de mieux comprendre les enjeux dont les femmes font face dans le monde technologique majoritairement masculin.
Trois femmes étaient invitées à en discuter : Anna Chif, cofondatrice de Dialogue, la plus grande plateforme de soins virtuelle du Canada et qui a récemment reçu un fond de 4 millions de dollars; Pamela Alfred, cofondatrice de Ask-PAM, une application qui centralise les opérations quotidiennes des concierges d’hôtel; et Cassie L. Rheaume, à la tête du chapitre Montréal de Ladies Learning Code.
« La disparité de l’intérêt envers la technologie date d’il y a quand même longtemps ». – Cassie L. Rheaume.
« La disparité de l’intérêt envers la technologie date d’il y a quand même longtemps, avance Cassie L. Rheaume. On estime que ça date du début des années 80, quand les ordinateurs ont fait leur entrée dans les foyers, ça a été marketé comme un jouet pour garçon. Donc rapidement, culturellement et sociologiquement, en Amérique du moins, les ordinateurs ont été mis à l’écart des filles ». Puis, le fossé s’est creusé et, pour en diminuer l’écart, il est important de montrer des modèles de succès. Ces trois femmes en sont un bel exemple.
Anna Chif, dont l’entreprise est paritaire en termes de fondateurs – 2 femmes et 2 hommes –, l’exprime en ces termes : « Sur l’équipe, on a plus de femmes designers et plus d’hommes développeurs donc on essaie d’équilibrer au niveau de l’équipe en entier ».
En ce qui a trait aux diverses initiatives que proposent leurs entreprises afin de promouvoir femmes en technologies, toutes s’entendent pour dire qu’il faille un environnement de travail accommodant.
« On a un espace où les femmes peuvent allaiter, on est très flexible sur les horaires [pour les nouvelles mamans]. Ce sont ce genre de mesures que l’on essaie de prendre pour encourager plus de femmes à venir travailler chez nous », confit-elle.
Mais cet environnement inclusif va dans les deux sens. « Malheureusement, quand on organise des évènements, on à peu près 70% d’hommes qui viennent, remarque Ilias Benjelloun, à la tête de l’innovation du Desjardins Lab et directeur créatif chez MTL NewTech, qui animait la discussion. Et quand on en organise pour les femmes, il n’y a à peu près pas d’hommes. Ça me dérange parce que ce n’est pas juste [une question] de promouvoir les femmes, mais aussi d’éduquer les hommes ».
Une des solutions émises était de convier également des hommes à parler lors de ces échanges et d’arrêter de présenter les femmes entrepreneures comme telles, mais tout simplement comme entrepreneures. « Dans les évènements pour les femmes, on doit arrêter de parler des femmes et on doit parler tout court de ce qu’elles font, des apprentissages qu’elles ont », ajoute-t-il.
Ainsi, peut-être que les employeurs en changeraient leur perception et y verraient une bonne occasion de recruter. « Je connais des employeurs hommes qui sont désespérément à la recherche de femmes développeurs », appuie Pamela Alfred.
Des rencontres comme celle-ci encouragent peut-être les femmes à s’impliquer dans la communauté, mais elle devrait aussi le faire au niveau du contexte organisationnel. « Juste le fait de faire partie [du comité organisateur], on ramène plus de notre entourage qui est plus représentatif de ce que l’on connaît », soutient-elle.
Qui plus est, ce serait le moment idéal pour aller de l’avant de ce côté. « Notre premier ministre se dit féministe, tout plein de gens en parlent […] Je pense que c’est important de profiter de ce momentum-là pour développer des actions », conclut Cassie L. Rheaume.