ProductTank est un meetup qui réunit des gestionnaires de produits afin d’échanger leurs idées et expériences en entrepreneuriat. Leur dernière édition sous le thème du transport a convié Patrick Gagné, partenaire et chef de produit et de commercialisation chez Taxelco et cofondateur de l’accélérateur InnoCité MTL; Sam Vermette cofondateur et CEO de Transit App; et Marc-Antoine Ducas, CEO de Netlift.
Ce qui a amené ces entrepreneurs au niveau de succès qu’ils ont aujourd’hui, c’est le désir d’offrir une alternative à la voiture solo. « À chaque un jour ouvrable donné dans la ville de Montréal, il y a environ 100 000 personnes qui vont travailler grâce à un moyen de transport alternatif : la marche, le vélo, le partage de voiture, il y a environ 400 000 personnes qui utilisent le transport en commun et 1,5 million de personnes qui conduisent seul, note Antoine Ducas. […] Pendant les heures de pointe, il y a autant de sièges vides dans les voitures que la population totale de la ville ».
Chacun a une approche différente pour résoudre ce problème. Par exemple, Taxelco, qui a lancé Téo Taxi en novembre 2015, a travaillé en étroite collaboration avec l’industrie du taxi afin de valider son modèle commercial avec les chauffeurs de taxi et les propriétaires de licences. « Nous on est arrivé avec une approche de partenariat dans l’industrie qui était différente de celle d’Uber », explique Patrick Gagné. […] Notre positionnement marketing était de devenir le chevalier blanc de l’industrie du taxi ».
Pour l’application Transit, ils ont essayé d’élaborer un produit qu’ils trouvaient d’abord utiles pour eux-mêmes en tant que consommateurs initiaux de transport public. « Le pire que vous puissiez faire, c’est de construire quelque chose que vous ne vous utilisez pas parce que vous êtes en train de perdre le contact avec le cœur, l’essence de ce que vous essayez de construire», exprime Sam Vermette.
Et c’est un processus d’apprentissage continu. « Nous avons eu un moment ‘ah-ha!’ [pendant le processus de validation avant que nous allions sur le marché] lorsque nous avons réalisé que les chauffeurs de taxis se trouvent dans une situation financière très instable, c’est une situation très précaire, explique Gagné. […] Initialement, nous avions eu l’idée de faire un partage des revenus avec les pilotes de taxis ».
L’habileté à s’adapter en écoutant les différents utilisateurs du produit est donc définitivement une des principales clés de la réussite d’une entreprise.
Pour Taxelco, ça a d’abord passé par 3 canaux : un impact social, une transformation de l’industrie et l’innovation. Tout d’abord, « Vous devez garder à l’esprit que la plupart des conducteurs de l’industrie, même les conducteurs d’Uber, génèrent entre 5 et 10 ou 12$ par heure, explique Gagné. Ce n’est pas un mode de vie très lucratif ». De plus, ils ont réalisé qu’en offrant la stabilité financière par un salaire horaire, ils pouvaient en même temps contrôler la qualité du service.
Ensuite, ils ont eu l’idée de marquer leurs voitures de couleurs distinctes, de mettre en place des prix dynamiques à la baisse et à la hausse et de créer la possibilité de louer les licences de taxi. Ils veulent même ajouter un frais qui irait dans un fond pour permettre au gouvernement de « racheter toutes les licences de taxi au cours des 5 à 10 prochaines années », explique Gagné.
Enfin, l’idée d’avoir des voitures électriques, des infrastructures de recharge, des objets connectés similaires à un système de divertissement en vol et l’application mobile ont tous contribué à l’appréciation de leur service.
Pour l’application Transit, le nombre croissant de clients s’explique par le fait qu’«[ils] restent la seule application qui montre tout de suite quand le bus le plus proche vient » par géolocalisation, note Sam Vermette. En tant que premiers clients de leur produit, l’équipe de Transit App comprend le besoin d’une approche minimaliste, convivial et avec un référent comme le code des couleurs utilisé pour identifier les différents moyens de transport dans chaque ville.
En ce qui concerne Netlift, le système de covoiturage qui vise à ce que les propriétaires de voitures utilisent leur service quotidiennement, ils ont d’abord été attentifs au sentiment de sécurité présent derrière chaque volant de voiture. « Nous avons découvert qu’une voiture, pour beaucoup de gens, ce n’est pas qu’un mode de transport, c’est une police d’assurance », explique Antoine Ducas.
Et comment voient-ils l’avenir de leur entreprise avec l’arrivée ‘imminente’ de voitures autonomes ?
« Bien que je pense que les véhicules autonomes arriveront bientôt et que cela aura un impact sur le transport urbain, la question du temps est pertinente, explique Gagné. […] Je ne suis pas un de ces optimistes qui voient un monde avec 100% de véhicules autonomes dans les rues et aucun être humain derrière les volants. Trop de changements doivent se produire avant cela ».