Le Jeune Barreau de Montréal organisait cette année encore l’évènement Legal.IT, une conférence d’une journée au Centre des Sciences de Montréal qui réunissait des experts juridiques et technologiques pour parler des enjeux alliant les deux domaines.
Une des présentations intitulées L’intelligence artificielle (IA) et la justice fut donnée par Valérie Bécaert, directrice générale d’IVADO, sous les questions de Gilles Lajoie, directeur général de la Société québécoise d’information juridique (SOQUIJ). « [SOQUIJ] s’apprête à adopter un plan stratégique impliquant un changement radical chez nous, et au cœur de ce changement radical, on va faire en sorte d’adopter l’apprentissage par machine et l’intelligence artificielle », amorce Gilles Lajoie.
Valérie Bécaert offrit un cours 101 de l’évolution de l’IA allant de l’avènement des véhicules autonomes, de l’apparition des commandes vocales, du fameux champion de GO battu par un algorithme et du Big Data.
« On est dans la prochaine révolution industrielle. […] C’est une révolution dans laquelle les machines vont augmenter les capacités cognitives des humains, exprime Valérie Bécaert. C’est l’économie de l’intelligence numérique ».
On le sait, Montréal est sous les projecteurs en terme d’IA surtout depuis qu’IVADO a remporté le concours lui donnant accès à des fonds de 93 millions de dollars et puisque plusieurs grands chercheurs ont fait valoir le hub d’IA de Montréal à l’international.
« C’est en combinant [les sciences de l’apprentissage profond et de la recherche opérationnelle] qu’on va atteindre le prochain niveau d’IA ».
Pour le domaine légal, ce prochain niveau pourrait être achevé dans l’augmentation de la valeur des données – par exemple par le biais de recherche intelligente prenant en compte le contexte de recherche.
« [On utilise] toute la connaissance d’analyse de données qui a été développée pour le transport pour optimiser les routes, donc les réseaux, et de regarder un problème en analysant les liens entre les choses, explique Bécaert. On peut faire ce même type d’analyse sur des contrats ».
Une des grandes utilités de l’IA se situe dans la prédiction. Par exemple, un avocat pourrait découvrir ses probabilités de gagner une cause en notant les paramètres de celle-ci et l’IA serait en mesure d’offrir la possibilité de changer de stratégie afin d’augmenter les chances de la gagner.
« Montréal fait un gros virage au niveau des données ouvertes, ajoute Lajoie. C’est sûr que c’est quelque chose qu’on va regarder, comment on peut marier ces éléments d’informations pour améliorer les décisions et l’accessibilité à la justice au Québec ».
Cependant, l’innovation est ralentie par ce même domaine légal. « [En innovation technologique], on est dans un no man’s land, il n’y a pas beaucoup de choses qui se sont passées, remarque Bécaert. Il y a beaucoup d’incertitudes sur tout ce qui touche la donnée : à qui appartient-elle ? Qu’est-ce que j’ai le droit de faire avec la donnée ? Les entreprises sont très frileuses et ne veulent pas nécessairement servir de jurisprudence – et ce qui nous empêche nous d’avancer, c’est bien souvent le département légal ! ». En général, l’évènement a montré qu’il y a un besoin criant de collaboration entre les deux milieux pour faire avancer le Code civil.