Les participants au salon Founders Lounge nous exhortent à adopter la diversité sans victimiser les femmes

Founders Lounge, une série de MTL NewTech qui convie les fondateurs et cofondateurs à échanger sur leur expérience d’affaires, a dédié sa dernière une édition aux #WomenInTech à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes. Avec comme partenaires Desjardins Lab, le centre d’innovation de Desjardins; le Coopérathon, un défi d’innovation dans l’industrie de la santé, la FinTech et Ville intelligente; a i l e s, un cercle de femmes en affaires; et Minibulles.ca, une infolettre signalant les bons plans à Montréal, l’évènement mettait en premier plan Christine Renaud, cofondatrice de E-180, dont la causerie précédait un panel de discussion sur les enjeux relatifs aux femmes en tech.

« On a commencé E-180 comme un site de jumelage qui était dédié à permettre à des gens qui ne se connaissaient pas d’aller prendre un café avec un étranger pour apprendre quelque chose ou partager des connaissances », amorce Christine Renaud.

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Leur plateforme de ce qu’elle nomme des brain dates a d’abord pris de l’ampleur grâce à un partenariat avec C2 Montréal, une conférence d’affaires qui unit les univers du commerce et de la créativité. « C2 Montréal nous a approchés pour savoir si on voulait faire leur plateforme de B2B, poursuit-elle. On a adapté notre produit de jumelage et d’apprentissage par les pairs pour le rendre plus adapté à un scénario de conférences et d’évènements ».

Celle qui a d’abord terminé ses études en enseignement, mais qui avait à cœur le fait que les étudiants doivent « diriger leur propre processus d’apprentissage », pense que le plus important au moment de se lancer en affaires, c’est d’abord de trouver ce qui nous passionne. « Les jeunes entrepreneurs, ils pensent à l’argent et à l’investissement, mais ce n’est pas ce qui va te pousser à continuer dans 5 ans quand les temps vont être plus difficiles ».

Quant à la technologie, celle-ci est plutôt venue en tant que solution à un problème. « On a commencé avec des papiers et des tableaux où les écrivaient offres et demandes, on connectait de gens dans une sorte de ‘marché des savoirs’ et la technologie est venue supporter le changement d’échelle de ce comportement-là ».

Au moment du panel, Soodeh Farokhi, cofondatrice et CTO de C2RO, une plateforme du Cloud de logiciel robotique, fut très candide. « Je me demande encore pourquoi lorsque j’affiche des offres d’emplois, il n’y a à peu près pas de femmes qui appliquent. En termes d’éducation en Iran, on a jusqu’à 70% de femmes en technologies et science », poursuit celle qui est d’origine iranienne.

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« Il y a un gros problème dans la façon dont les offres sont présentées ainsi que dans la culture d’entreprise, avance Cassie L. Rheaume, à la tête du chapitre Montréal de Ladies Learning Code, une organisation sans but lucratif qui organise des ateliers pour les jeunes femmes afin de les initier à la programmation web. On dit que les femmes n’appliquent généralement pas aux offres d’emplois à moins de correspondre à entre 60% et 100% des critères », et ce contrairement aux hommes.

Alors qu’à ce niveau, Vanessa Labelle, responsable de l’équité des genres et du leadership au féminin pour le Mouvement Desjardins, croit que « le premier enjeu, c’est la confiance en soi », Christine Renaud, qui est aussi assistante à la direction de Technovation, une initiative qui associe des équipes de jeunes filles avec des mentors pour les aider à identifier un problème dans leur communauté et ensuite développer une application mobile pour le résoudre, apporte une nuance.

« C’est aussi une question d’accueil à la diversité et je trouve que c’est important de ne pas victimiser les femmes. Il faut reconnaître que les femmes peuvent être fortes et puissantes, mais que dans certaines organisations, on ne gère pas bien la diversité en général ».

Bien qu’il soit « plus facile [d’être une femme en technologie] ici qu’en France » selon Delphine Guyot-Giler, cofondatrice et CEO de StarDust, on mit l’accent sur l’importance d’avoir un environnement woman friendly, par exemple lorsqu’il est question flexibilité travail-famille.

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L’importance des mentors femmes fut aussi un point majeur soulevé lors de l’échange, puisque ces modèles aident les femmes à s’identifier et à grandir dans le milieu de la technologie.

« Les mentors masculins n’auront pas les mêmes défis que les femmes, appuie Catherine Boundjia, directrice de l’équipe de Startup Mosaic une initiative qui fait la promotion de la diversité dans l’écosystème des startups à Montréal. Avoir la chance d’échanger avec des femmes ça permet de nous dire que l’on n’est pas seules et que certaines sont parvenues à créer des entreprises qui fonctionnent et qui ont du succès ».

« Une fois qu’on reconnaît la raison pour laquelle on veut plus de femmes et de valorise cet apport [issu de leur expérience d’être femme], c’est comme ça que l’on crée des environnements où elles se sentent reconnues et ce n’est pas juste pour atteindre un quota », poursuit Christine Renaud. Et ça permet que les technologies soient représentatives de toute la population.

De plus, il y aurait un travail à faire au niveau de la façon dont on présente la technologie comme domaine d’études. « Il faut la présenter de manière plus ‘sexy’. Si j’avais su ce que j’aurais pu faire avec la technologie, je n’aurais pas été en gestion d’entreprise », déclare Pamela Alfred, cofondatrice de Ask-PAM, une plateforme qui centralise les opérations quotidiennes des concierges d’hôtel.

Et ça, ça commence dès le plus jeune âge. « On a eu des gens qui ont animé des workshops [à Technovation] et qui se disaient que vu qu’ils parlaient avec des jeunes filles, ils allaient coder un petit minou qui sort d’une boîte, mais les jeunes veulent aussi résoudre des problèmes ! souligne Christine Renaud. C’est important d’être conscient de nos propres préjugés ».